mercredi 11 novembre 2015

Disparue

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Les rêves d’Esthel (roman) - suite...

Extrait :


 Dépité, Fred ne peut que constater le désordre de son appartement. Fringues abandonnées un peu partout, fripées, roulées en boule, par terre et sur le canapé ; table recouverte de prospectus, boites de conserves vides et assiettes sales ; vaisselle entassée en équilibre précaire dans l’évier. Le désordre va de pair avec celui qui règne dans sa tête.
 L’épisode de la semaine dernière passe et repasse sur son écran intérieur, hante ses jours et jusque ses nuits. La mariée entraperçue sur le siège passager d’une voiture décapotable sur le grand boulevard, était-ce Esthel ?
 Oui, certainement.
 Mais parce qu’elle ne s’est pas retournée à son appel, parce qu’il ne l’a pas vue de face, il ne peut en être sûr.
 En être absolument sûr.
 Et cette incertitude le ronge.
 Esthel, où es-tu ?
 Impossible de se faire à l’idée qu’il ne la verra plus, peut-être même plus jamais. Ça fait trop mal. « Putain, je vais en crever ! » Fred refrène son envie de chialer comme un gosse, s’allume une cigarette. Alors qu’il s’applique à se reprendre, ne pas se laisser sombrer, soudain il remarque l’odeur.
 Une odeur putride.
 Comme si quelque chose était en train de pourrir dans un coin. La porte, les fenêtres de son appartement sont fermées, l’odeur provient de chez lui.
 Fred examine les détritus sur la table, jette un œil dans sa poubelle.
 Rien.
 L’odeur ne viendrait-elle pas des toilettes ?
 Non plus.
 Il tire la chasse d’eau à tout hasard.
 Sans résultat.
 Lorsqu’il perçoit une présence dans son dos, il est déjà trop tard ; pas le temps de se retourner, quelqu’un l’empoigne, un bras lui enserre le cou et lui coupe la respiration, la lame d’un couteau passe devant ses yeux avant de disparaitre de son champ de vision. Une voix s’élève, celle à qui appartient la poigne, le couteau et – détail horrible – la puanteur :
- Je t’ai enfin retrouvé, salope ! T’as cinq secondes pour me dire où est Esthel, après je te crève.
- …
- Si tu me le dis pas, je te jure que tu vas voir tes tripes se répandre par terre !

Les rêves d’Esthel (roman)
Dernier extrait :
 Esthel repose la coupe de champagne à laquelle elle a tout juste goûté. De sa main droite, elle caresse son ventre rond. Fille ou garçon, elle ne sait pas encore. Ce sera la surprise. Elle regarde à travers le hublot. A présent, l’avion vole au dessus des nuages.
 Elle n’a jamais été aussi heureuse.

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