mercredi 11 mai 2016

Début de nouvelle « Il faudrait faire quelque chose »

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Début de nouvelle « Il faudrait faire quelque chose »


Le texte qui suit est une ébauche
 Des débuts de nouvelles comme celui-là, j’en ai quantité dans mes tiroirs. Même si je suis dorénavant plus orienté « roman », la nouvelle reste une forme d’expression que j’affectionne.
 De même que les pions – les pièces les plus faibles de l’échiquier – sont l’âme du jeu d’échecs (citation de Philidor, réputé comme le plus fort joueur du XVIIIème siècle), je suis convaincu que les nouvelles sont l’âme de la Littérature.

« Il faudrait faire quelque chose »

(Titre provisoire)

 Le grand truc de Kinski, c’est de faire pleurer les stagiaires.
 S’il faut lui reconnaître une qualité - ou plutôt un savoir-faire - c’est bien celui-là : Kinski a l’art et la manière de mettre les gens en confiance. Il sait mieux que personne accueillir ces jeunes filles fraîchement sorties de l’école.
 A leur arrivée, il leur offre un café, leur propose une cigarette sur le balcon de la cafétéria. Il prend le temps de les écouter, les interroge sur leurs études, leurs projets. Il la joue souriant et décontracté en leur expliquant le travail qu’elles auront à faire.
 Kinski en impose avec son statut de chef de service et il le sait. Son mètre quatre-vingt-dix, ses costumes impeccablement taillés et ses tempes argentées lui confèrent un physique à la hauteur de son poids dans l’entreprise. Evidemment, ça marche à tous les coups.
 Au bout d’une semaine, elles ne jurent plus que par lui.
 Kinski a le génie du pervers manipulateur. Une fois sa proie sous l’emprise de son charme, il change radicalement d’attitude. D’un coup, du jour au lendemain. Et sans raison apparente.
 Alors il devient odieux, les accable de reproches jusqu’à les insulter. Elles finissent toutes par sortir de son bureau le visage défait, en larmes, avec de grosses traces noires sous les yeux à cause du maquillage qui a coulé.
 Ensuite, au mieux elles achèvent leur stage à la photocopieuse, assignées à dupliquer, agrafer et préparer le café, au pire elles disparaissent sans laisser de traces, incapables d’affronter les foudres de Kinski.
 Tout le monde est unanime sur ce point : Kinski est un pervers, une ordure.
 Mais attention.
 C’est aussi un chef.
 Un chef qui mange en tête-à-tête avec le Grand Patron – et qu’il est seul à tutoyer.
 Pour cette raison, personne n’ose lever le petit doigt contre lui.
 Et les stagiaires continuent de défiler. Et Kinski continue à faire couler leur maquillage.
Il faudrait quand même faire quelque chose, non ?

 Mais quoi ?

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Bonne lecture !

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