9 questions à Eric SCILIEN
1)
Votre dernier roman « Un petit roi » vient de sortir en format ebook
sur le site Bookless et papier chez Amazon en autoédition. Pouvez-vous nous
dire pourquoi, alors que vous êtes publié chez Jacques Flament, avoir choisi ce
procédé ?
Ce
choix s’inscrit dans une logique de parcours. J’ai publié mon premier recueil
de nouvelles, « Instinct de survie en milieu hostile », en avril 2011
aux éditions Jacques Flament. En 2012 ont suivi deux autres titres, « Une
gueule d’ange » (roman) et « Pères et fils » (une longue
nouvelle en format poche). Ensuite,
Jacques a souhaité que je lui propose un roman plutôt que des nouvelles. Or,
j’avais achevé ce recueil de textes - « Comment faire pour rencontrer
quelqu’un » - et j’avais envie qu’il soit publié. J’ai donc décidé de m’en
occuper moi-même, en utilisant les services de CreateSpace Self Publishing. Ce
qui m’a permis de le mettre en ligne sur Amazon et de trouver mes lecteurs.
L’expérience m’a plu, j’ai pris plaisir à m’occuper de tout (la couverture, la
mise en page)… et de ne rendre de compte à personne ! Je savais que
j’aurai envie de renouveler l’aventure. Avec « Un petit roi », c’est
chose faite et j’en suis satisfait. Maintenant, il est clair que pour moi,
l’autoédition a son intérêt mais n’est pas une finalité. Il s’agit plutôt d’une
solution ponctuelle. Pour un auteur, je reste convaincu que l’idéal reste de
collaborer avec un éditeur. Et, autant que possible, un éditeur qui croit en
son auteur et qui est prêt à mouiller la chemise pour le faire connaitre.
2) Depuis quand
écrivez-vous et quelle part de votre temps occupe cette activité ?
Après
un long passé de lecteur, j’ai publié mes premières nouvelles dans des fanzines
au début des années quatre-vingt dix.
La
part consacrée à cette activité varie selon les périodes et mes différentes
obligations mais je sais faire ce qu’il faut pour me dégager du temps et me
donner les moyens d’aboutir mes projets. Les journées sans écrire une ligne sont
rares.
3) Qu'est-ce qui
vous pousse à le faire ?
Je
n’en sais rien. Et je ne crois pas que cela ait beaucoup d’importance
finalement… en tous cas, j’ai cessé de me poser la question. Il m’est arrivé à
deux ou trois reprises de me demander si je n’aurais pas mieux à faire qu’écrire.
Si j’avais su peindre ou dessiner, j’aurais peut-être emprunté une autre voie.
4) Quels sont
vos sujets d'inspiration ?
D’abord
les questions fondamentales : « Qui suis-je ? Où suis-je et où
vais-je ? » Ramené dans un langage plus XXIème siècle : « Mais qu’est-ce que je fous là ?! » A
travers des histoires, des personnages, des situations, j’essaie de comprendre
le Monde. Mais j’écris aussi et peut-être avant tout pour distraire – pour me
distraire et distraire les autres. Pour faire peur, émouvoir ou captiver. Se
distraire est une activité fondamentale. Ainsi que l’écrivait Pascal dans ses Pensées : « Un Roi sans divertissement est un homme
plein de misères. »
Sur
un plan plus intime, tout ce qui est resté coincé dans un endroit où rien ni personne
ne pourra l’y déloger - quelque part entre le cœur et les tripes – m’est source
d’inspiration. On écrit sur ses désirs mais aussi sur ses failles, ses
déceptions.
La
seule période de mon existence où l’inspiration m’a fui a coïncidé avec mes années
de psychanalyse. Ce pourquoi j’ai préféré y mettre fin avant terme. Ma
psychanalyste était désolée et a tenté – en vain - de me convaincre de
poursuivre. Le travail n’était pas terminé, selon elle. Sans doute. Mes vieux
démons sont toujours là. Mais tant pis. J’ai décidé de garder mes névroses et
de composer avec elles.
La
vie n’est pas assez longue pour oublier. Il faut apprendre à vivre avec son
histoire. Et avec qui on est.
5) Avez-vous
déjà essuyé des refus d'éditeurs ?
Oui, bien sûr. Comme tout aspirant écrivain.
Il ne faut pas avoir peur de l’échec : c’est
le passage incontournable de toute victoire.
Permettez-moi d’ajouter cette citation
personnelle : « Les plus belles victoires se forgent dans l’amertume
de la défaite ». J’en suis persuadé.
6) Quels sont
vos auteurs de référence ?
Romain Gary, l’archétype de l’écrivain.
« Les promesses de l’aube » reste une de mes lectures parmi les plus
marquantes. S’il est un auteur dont on puisse dire « sa vie est un
roman », c’est bien lui. Même sa biographie est passionnante !
Tout Maupassant et notamment ses nouvelles.
C’est un écrivain indémodable.
Agota Kristof et sa trilogie : « Le
grand cahier », « La preuve » et « Le troisième
mensonge ».
James Ellroy pour sa puissance narrative,
l’ambiance « U.S. » et le quatuor de Los Angeles.
Edgar Hilsenrath pour « Nuit », un
livre poignant mais je préfère prévenir : âmes sensibles s’abstenir.
Le recueil de nouvelles de Craig Davidson
« De rouille et d’os », bien supérieur au film du même nom. Un vrai plaisir
de lecture.
7) Avez-vous un
autre roman en chantier ?
Je n’en ai pas un mais plusieurs !
Ceci étant, Jacques Flament m’a passé commande
(à moi comme à 9 autres de ses auteurs), pour écrire une version de
« Bunker » - un court roman à contrainte : 217 personnes se
retrouvent coincés dans un espace fermé, dix mètres sous terre… chaque roman
étant indépendant et pouvant se lire séparément. Ma version est en cours
d’écriture et le prochain manuscrit que je remettrai à un éditeur sera donc
celui-là.
8)
Qu'attendez-vous d'un éditeur ?
D’abord
qu’il m’édite parce qu’il apprécie ce que j’écris… et qu’il vende mes livres,
par centaines de milliers si possible !
A
mon sens, une logique de « partenariat » doit s’instaurer entre
auteur et éditeur, de façon à ce qu’ils mènent des actions conjointes de
promotion/communication.
9) Avez-vous des
conseils à donner à Bookless ?
Des conseils, non. Mais peut-être des
idées, des suggestions…
Comme offrir des ebooks gratuits
d’auteurs tombés dans le domaine public, par exemple.
Ou bien chercher à se développer par le
biais de partenariats : une petite maison d’édition publiant en version
« papier » pourrait être intéressée pour travailler avec Bookless sur
des versions numériques de tout ou partie de son catalogue – sachant que
l’inverse pourrait aussi être envisagé. Même idée pour des revues littéraires.
Ensuite, travailler sur l’identité de
Bookless – identité graphique notamment mais pas seulement.
Solliciter un ou plusieurs écrivains
connus – des écrivains que vous appréciez, évidemment - pour qu’ils
« parrainent » Bookless. Par exemple, en vous confiant une nouvelle
inédite pour une publication numérique à petit prix.
Proposer aux lecteurs de Bookless un
forfait attractif (de l’ordre de 15 ou 20€) qui leur donne accès à plusieurs œuvres
au choix dans votre catalogue...
Pour conclure cette interview, je
souhaite longue vie à Bookless !
Merci Corinne et à bientôt pour de
nouveaux échanges.
Et toujours "Un petit roi" en version numérique chez Bookless-Editions :
Mon nouveau titre chez Bookless-Editions |
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