Mal d'être seule

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 Les gens ne savent pas combien il est difficile pour une femme de vivre seule.

 Et peut-être plus encore, d’être seule.

 Surtout au regard des autres.

- Et pour la p’tite dame, qu’est-ce que je lui sers ? Un steak ? Un seul ?

 Sentir tous les regards converger sur soi.

 Insupportable.

 Besoin d’une protection, un pare-feu.

 Commencez par vous persuader d’une chose : non, ce n’est pas si grave d’être seule.

 D’ailleurs la meilleure preuve en est que « Mieux vaut être seule que mal accompagnée ».

 Faites de cette phrase votre credo, un bouclier, une parade à toutes épreuves.

 Par exemple, lorsque Paul – censé être votre meilleur ami – lorsque Paul vous pose la seule et unique question que vous n’avez pas envie que ni lui ni personne au monde ne vous pose :

- Au fait, tu n’en as pas marre d’être seule ?

 Répondez :

- Tu sais, mieux vaut être seule que mal accompagnée.

 Et toc, imparable. Paul en reste sans voix, décontenancé.

 Vous lui avez cloué le bec.

 Sachez que ce bouclier peut quasiment être utilisé en toutes circonstances.

- Tu viendras seule ou avec quelqu’un ?

- Seule. Parce que mieux vaut être seule que mal accompagnée.

 Ou encore :

- Tu as quelqu’un en ce moment ?

- Non. Mais tu sais, mieux vaut être seule que mal accompagnée.

 Avec cette méthode, vous pouvez même anticiper les questions désobligeantes :

- Ça va ?

- Oui. Je suis toujours seule mais tu sais ce que c’est… mieux vaut être seule que mal accompagnée.

 Evidemment, cette méthode comporte aussi ses inconvénients. Notamment le risque de l’utiliser à tort et à travers, pour tout et n’importe quoi.

- Tu reprendras de la salade ?

- Non.

- Tu n’as plus faim ?

- Ce n’est pas ça, c’est juste que mieux vaut être seule que mal accompagnée.

 Mais le plus grand risque reste assurément de finir  par y croire !

 Ainsi, lorsque assise sur un banc à côté de ce beau jeune homme dont vous êtes follement, éperdument amoureuse, celui-ci vous déclare enfin sa flamme :

-  Je vous aime ! J’ai tellement envie de vous embrasser…

 … affolée, prise de court, il se peut que vous ne trouviez rien d’autre à répondre que ce mouvement réflexe, pour le coup parfaitement contre-productif :

- Je suis désolée… mais mieux vaut être seule que mal accompagnée.

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