Les rêves d’Esthel (roman)
Extrait :
À l’armée, le soir
dans la chambrée, il fallait tuer le temps. Mazzolini avait eu l’idée de ce jeu,
le pouilleux massacreur. En adaptant ses règles pour que ce soit plus drôle.
Le perdant, celui
qui terminait la partie avec la dernière carte - le valet de pique - devait
poser sa main à plat sur une caisse de bois retournée à l’envers au centre de
la pièce. Ensuite, au gré de la couleur des cartes qui sortaient, tous les gars
que l’ennui, la promiscuité et surtout le manque de femme rendaient à moitié
fous laissaient parler leur instinct violent.
Pique : un
coup de Rangers asséné avec le talon et le poids du corps.
Trèfle : broyer
la main par un mouvement tournant du talon.
Carreau : un
coup de Rangers du plat du pied donné avec élan.
Cœur : râper
le dos de la main avec une Rangers comme on écrase une cigarette sous sa
semelle.
Joël, un petit
gars du midi qui parlait cul du matin au soir avait tenté de s’enfuir dès les
premiers coups. Sur les ordres de Mazzolini, les autres l’avaient rattrapé. Ils
s’étaient mis à quatre pour le maîtriser. Anthony lui avait fourré un slip dans
la bouche pour l’empêcher de crier et ameuter les troufions de garde ; de
force, ils avaient maintenu sa main sur la caisse de bois afin que le jeu
puisse aller à son terme.
Le lendemain,
certains devaient aller à l’infirmerie se faire panser la main.
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