Sujets classés par ordre alphabétique dans la colonne de gauche, sous l'intitulé "Libellés"

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lundi 7 avril 2025

MATIN BLÊME (un conte noir)

  Ce matin, je me suis levé comme d’habitude, à 6H20. Il me faut bien une heure et demie pour me préparer et je déteste arriver en retard au bureau.

 J’ai un peu traîné des pieds jusqu’à la cuisine. Je serais bien resté au lit, au chaud sous la couette.

 J’ai effectué les gestes rituels, le dosage du café et l’eau dans la casserole pour faire cuire mon œuf coque.

 Ce n’est qu’après avoir pris ma douche, au moment de chercher mes affaires dans la penderie, que j’ai réalisé l’incurie de la situation.

 Mais qu’est-ce que j’étais en train de faire ?

 J’étais en retraite, je n’avais plus besoin d’aller travailler !

 C’était n’importe quoi. D’autant que cela faisait au moins dix ans que je n’étais plus en activité. Et peut-être même douze.

 Ou quinze.

 Soit j’avais vraiment du mal à m’y faire, soit c’était plus grave que ça – nettement plus grave. J’ai senti l’ombre d’Alzheimer planer autour de moi.

 Ne devrais-je pas mieux appeler le docteur tout de suite ?

 Et puis non. J’ai décidé que j’y réfléchirai plus tard.

 En voiture, sur le trajet qui m’amènera au bureau.


UN JOUR, LE CHAOS (un conte noir et inédit)

Maisons résidentielles au milieu du chaos
Un jour, le Chaos


 Un jour, quelqu'un frappera à ta porte et t'ordonnera de sortir, les mains sur la tête – un jour, ce sera le chaos.

 Et voilà, ce jour est arrivé.

 Tu ne comprends pas ce qui t'arrive. L'instant d'avant, tu étais en train d'écrire de la poésie sur ton écran d'ordinateur, avec ton casque sur les oreilles et un vieux tube des Pink Floyd pour t'inspirer ; à présent, un type masqué, en treillis et dont tu ne vois que les yeux, te met en joue avec sa kalachnikov.

- SORS !

 Tu voudrais protester, au moins discuter, essayer de comprendre de quoi il retourne, mais l'intonation de l'homme en treillis ne laisse aucun espace, rien où s'accrocher. Alors tu t'exécutes, les mains sur la tête.

 C'est un jour de soleil terne. De la luminosité et du ciel bleu, oui ; mais à peine quelques degrés Celsius. Chacune de tes expirations provoque un nuage de vapeur – qui se dissout aussitôt dans l’air froid. Tu n’as rien sur le dos, sinon un tee-shirt sans manches et tu frissonnes.

 Te voilà sur le chemin goudronné qui longe ta maison.

 D'autres hommes sont là. Tous masqués, sans visage. Et en armes. Tu sens la tension en eux ; une forme d’excitation, aussi.

 Un peu plus loin, tu aperçois des corps étendus, sur le côté d'une maison - celle de tes voisins. Tes voisins avec qui, hier encore, tu discutais. Ensemble, vous vous inquiétiez de l'évolution de la situation, des discours enfiévrés sur les ondes, des flots de haine déversés sur les réseaux, appelant de manière explicite à la violence. Et maintenant, les corps sans vie de tes voisins, des sexagénaires aussi sympathiques qu’inoffensifs, sont étendus là-bas, à même le sol.

 Non, tu ne peux pas nier ne pas l'avoir senti venir - cela faisait si longtemps que le chaos rôdait, si longtemps ! Sans doute eut-il fallu participer aux appels à la raison ; sans doute aurais-tu pu t'investir, tenter de t'opposer à la folie ambiante ; sans doute aurait-il fallu avoir le courage de taper du poing sur la table et dire NON !

Sans doute, oui. En sachant que tout cela n'aurait peut-être mené à rien, conduit nulle part.

Mais il aurait tout de même fallu essayer.

- Vas-y, t'attends quoi ?! BUTE-LE ! crie un autre homme en treillis au visage masqué à celui qui te tient en joue.

 Ce dernier ne te quitte pas des yeux. Peut-être guette-t-il ta peur, l’envie de te voir te liquéfier devant lui ?

 Tes jambes flageolent sous ton poids ; tu ne sais pas quoi faire, quoi dire – tenter de fuir, c’est la mort assurée.

- Tu as cinq secondes pour me donner une raison, UNE SEULE RAISON, de ne pas te tuer.

 En cet instant, tu voudrais hurler, protester mais il est déjà trop tard - il faut parler, agir vite, sinon...

- Je n'ai jamais fait de mal à personne. Je suis quelqu'un de loyal, d'humaniste...

 La rafale te cueille d'un coup.

 Maintenant, tu es allongé par terre, sur le bitume froid. Tu sens la vie - ta vie - s'échapper à vitesse supersonique par tous les pores de ton corps meurtri ; les pensées se bousculent dans ta tête, comme affolées, prises de panique devant l'issue qui se profile et que rien, désormais, ne saurait empêcher. Les derniers mots qui sont sortis de ta bouche résonnent et s'impriment en boucle sur ton écran intérieur - ne faire de mal à personne. Loyal, humaniste.


 Ce n'était pas la bonne réponse.


dimanche 6 avril 2025

Salon du livre de Sainte-Maure de Touraine, quelques images juste avant l'ouverture

 





 Ambiance décontractée, échanges toujours sympathiques et intéressants avec les auteurs et autrices - Nathalie et Jean-Michel... à bientôt lors de nouveaux salons !

samedi 5 avril 2025

Écrivain en pause

 

écrivain en pause à côté d'une piscine
Écrivain en pause

N'oubliez jamais qu'un écrivain, même s'il semble ne rien faire, n'est jamais véritablement en pause.

Même au bord d'une piscine, un cocktail à portée de main, un écrivain continue de travailler à son oeuvre.

Dans sa tête.

mercredi 2 avril 2025

mardi 1 avril 2025

Et si votre bien le plus précieux était tombé sur un monstrueux tas d'immondices ?

 

Monstrueux tas d'immondices
Monstrueux tas d'immondices

 Imaginez que votre bien le plus précieux soit tombé sur un monstrueux tas d’ordures - et qu’il ait été aussitôt englouti au cœur des immondices.

 Que feriez-vous ?

 Plongeriez-vous sans vous poser de question au milieu de l’abomination ? Ou renonceriez-vous à votre bien le plus précieux en arguant que « Rien n’est irremplaçable » ?

 Réfléchissez bien.


 Si vous êtes de ceux qui plongent sans se poser de question, sans doute appartenez-vous à la catégorie des battants, prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent. Vous êtes particulièrement déterminé.
 Très bien, bravo !
 Mais jusqu’où seriez-vous prêt à aller pour obtenir satisfaction ? Tuer quelqu’un ? Votre mère, peut-être ? Ou jusqu’à détruire la planète et tous les gens qui y habitent ? Réfléchissez un peu avant de faire n’importe quoi !

 Si, à l’inverse, vous avez renoncé, peut-être manquez-vous de persévérance ?
 Ne croyez-vous pas qu’il faut accepter de se battre, de sortir de sa zone de confort pour ce qui, à nos yeux, a de la valeur ?

 À moins que vous apparteniez à cette catégorie de gens qui attendent que tout leur tombe déjà cuit dans le bec ; auquel cas, je préfère vous avertir : vous allez au-delà de graves désillusions.

 Quant à moi, si vous voulez savoir quelle serait ma position, c’est bien simple : jamais je n’aurais pris le risque d’emporter mon bien le plus précieux au-dessus d’un tas d’ordures.

 Je ne suis pas irresponsable !

 Et la question ne se pose donc pas.


lundi 31 mars 2025

Un test en entretien d'embauche (un conte noir)

 

Un homme en costume face à une boule de papier
Ramasser ?

 Ce poste, il le voulait - un poste de cadre. Rémunération conséquente et fortes possibilités d’évolution.

 Quand il entra dans la pièce, il était déterminé comme jamais, animé par la volonté de convaincre. Face à lui, deux recruteurs, un homme et une femme. C’était elle qui détenait le pouvoir de décision, il le comprit très vite.

- Si nous retenons votre candidature, vous serez placé sous ma responsabilité, dit-elle.
- Très bien.
- Vous n’avez rien contre le fait d’être dirigé par une femme ?
- Absolument pas.
 Elle lui sourit de façon énigmatique.
- C’est ce que nous allons vérifier.
 Sans le quitter des yeux, elle prit une feuille de papier qu’elle froissa et roula en boule lentement, presque consciencieusement. Avant de la jeter au milieu de la pièce.
- Ramassez-la.
- Pardon ?!
- Vous avez bien entendu. Ramassez.
 Incrédule, il y eut un instant de flottement.
- Et pourquoi je la ramasserais ?
- Parce que je vous le demande. Et que vous postulez pour faire partie de mon service.
 Elle se pencha vers lui.
- Que les choses soient claires : si je vous embauche, c’est moi qui serai votre supérieure hiérarchique. Et vous devrez faire ce que je vous demande.
- Vous voulez dire que ramasser ce papier, c’est une sorte de test ?
- Interprétez-le comme vous voulez. Mais si vous répugnez à ramasser une boule de papier à ma demande, comment réagirez-vous quand je vous donnerai des ordres autrement plus engageants ?
 Il hésita un instant.
 Elle ne le quittait pas des yeux.
- D’accord, je la ramasse.
 Ce qu’il fit prestement, posant la boule de papier sur le bureau.
 Elle lui sourit d’un air satisfait.
- L’entretien est terminé. Vous ne faites pas l’affaire.
- Je ne comprends pas, j’ai pourtant fait exactement ce que vous m’avez demandé ?!
- Tout à fait. Mais je ne cherche pas à embaucher des béni-oui-oui. Je cherche des professionnels qui nourriront ma réflexion. Et qui seront capables de me dire non, lorsqu’ils l’estimeront nécessaire. Sur ce, je vous souhaite une bonne journée. Et je vous remercie de fermer la porte derrière vous.

#test #entretien d'embauche


samedi 29 mars 2025

Écrire rend fou en téléchargement gratuit chez Edition999

 Et c'est ici :

ÉCRIRE REND FOU - Eric SCILIEN

écrivain travaille de nuit au clair de lune
chez Édition999


LICHEN, revue de poésie en ligne

 Aujourd'hui, bref retour en arrière - une publication datant de quelques années -, avant de repartir vers de nouvelles aventures : découvrez LICHEN, une excellente revue de poésie en ligne.

 Si le cœur vous en dit, vous pouvez passer par ici :

Lichen - Revue de Poésie: Éric Scilien