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Les rêves d’Esthel (roman) - suite...
Extrait :
Dépité, Fred ne peut
que constater le désordre de son appartement. Fringues abandonnées un peu
partout, fripées, roulées en boule, par terre et sur le canapé ; table
recouverte de prospectus, boites de conserves vides et assiettes sales ;
vaisselle entassée en équilibre précaire dans l’évier. Le désordre va de pair
avec celui qui règne dans sa tête.
L’épisode de la
semaine dernière passe et repasse sur son écran intérieur, hante ses jours et jusque
ses nuits. La mariée entraperçue sur le siège passager d’une voiture
décapotable sur le grand boulevard, était-ce Esthel ?
Oui, certainement.
Mais parce qu’elle
ne s’est pas retournée à son appel, parce qu’il ne l’a pas vue de face, il ne
peut en être sûr.
En être absolument sûr.
Et cette
incertitude le ronge.
Esthel, où
es-tu ?
Impossible de se
faire à l’idée qu’il ne la verra plus, peut-être même plus jamais. Ça fait trop mal. « Putain, je vais en crever ! » Fred refrène son envie de
chialer comme un gosse, s’allume une cigarette. Alors qu’il s’applique à se
reprendre, ne pas se laisser sombrer, soudain il remarque l’odeur.
Une odeur putride.
Comme si quelque
chose était en train de pourrir dans un coin. La porte, les fenêtres de son
appartement sont fermées, l’odeur provient de chez lui.
Fred examine les
détritus sur la table, jette un œil dans sa poubelle.
Rien.
L’odeur ne
viendrait-elle pas des toilettes ?
Non plus.
Il tire la chasse
d’eau à tout hasard.
Sans résultat.
Lorsqu’il perçoit
une présence dans son dos, il est déjà trop tard ; pas le temps de se
retourner, quelqu’un l’empoigne, un bras lui enserre le cou et lui coupe la
respiration, la lame d’un couteau passe devant ses yeux avant de disparaitre de
son champ de vision. Une voix s’élève, celle à qui appartient la poigne, le
couteau et – détail horrible – la puanteur :
- Je t’ai enfin retrouvé, salope ! T’as cinq secondes
pour me dire où est Esthel, après je te crève.
- …
- Si tu me le dis pas, je te jure que tu vas voir tes
tripes se répandre par terre !
Les rêves d’Esthel (roman)
Dernier extrait :
Esthel repose la
coupe de champagne à laquelle elle a tout juste goûté. De sa main droite, elle
caresse son ventre rond. Fille ou garçon, elle ne sait pas encore. Ce sera la
surprise. Elle regarde à travers le hublot. A présent, l’avion vole au dessus
des nuages.
Elle n’a jamais été
aussi heureuse.
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