1 – Il y a dix ans (en novembre 2014, pour être précis), j’avais évoqué la possibilité que tu puisses t’offrir une grande maison avec piscine, grâce à tes activités d’éditrice – où en es-tu aujourd’hui ? Habites-tu dans un manoir ou un hôtel particulier dans le XVIe ?
![]() |
Serait-ce le siège social de Bookless Éditions ? |
Je te mets une photo, tu te rendras compte par toi-même…
(la piscine est derrière).
![]() |
La piscine (privée) de BOOKLESS Éditions ? |
Trêve de plaisanterie, Bookless réalise entre cinquante
et cent ventes d’ebooks par trimestre
(depuis 2024, c’était moins avant), et principalement sur les titres en
promotion (à 1,99 €) ce
qui n’a pas modifié mon train de vie (ni celui des auteurs, n’est-ce pas
Eric ?). De plus, sur ces ventes
en numérique, je garde seulement 10 % pour Bookless (40 % pour la plateforme immatériel qui met les
ouvrages en lignes sur tous les sites et 50 % pour l’auteur). En ce qui concerne les ventes papier (qui ont lieu
principalement sur Amazon), je restitue à
l’auteur l’intégralité des droits qui me sont reversés, leur montant étant
souvent infime.
2 – Peux-tu nous dire combien de titres et d’auteurs tu as publié, depuis la fondation de Bookless ?
À ce jour, 136 (prochainement 137) titres pour 38
auteurs, dont une trentaine de nouvelles vendues en ebook à l’unité et trois
titres au format audio (en plus de l’ebook et du papier pour ces mêmes titres).
3 – Comment réussis-tu à concilier ton activité d’éditrice et celle d’auteure ? Établis-tu un planning distinct ? Disposes-tu de deux pièces séparées pour travailler dans l’une, comme autrice et dans l’autre, comme éditrice ?
La photo, plus haut, n’étant pas réaliste, je
travaille toujours au même endroit, dans une véranda qui est aussi notre salon,
pour ne rien te cacher, où j’ai un petit bureau dans un coin. Mes outils de
travail ne prennent pas beaucoup de place : un ordi portable 14 pouces
pour les mises en page, corrections, promotions (et écriture) ainsi qu’une
liseuse pour les lectures de manuscrits.
J’essaie, les jours où je travaille pour Bookless,
de consacrer du temps pour chaque activité : relecture et correction des
futures publications, lecture des derniers manuscrits réceptionnés et écriture
de mon nouveau roman, en fonction de l’inspiration. Et au début de chaque
trimestre, je dois faire le récapitulatif des ventes du trimestre précédent,
les déclarations Urssaf et l’envoi vers les auteurs. Cela prend beaucoup de
temps, même si les ventes ne sont pas très nombreuses.
4 – Ton nouveau site est très plaisant, esthétiquement réussi et la navigation y est aisée. J’ai cru comprendre qu’il s’agissait d’un gros investissement, notamment en temps. En es-tu satisfaite et as-tu pu mesurer sa plus-value en termes de visibilité ?
Oui, je suis très contente de ce nouveau site (qui
a déjà un an !) pour son esthétique et son ergonomie, mais un peu déçue
quant aux retombées qui ne sont pas exceptionnelles. Les ventes ont
apparemment, malgré tout, été boostées, mais elles se réalisent sur d’autres
sites ayant plus de notoriété et non sur le site Bookless. J’ai un peu de mal à
en mesurer la bonne visibilité, malgré les outils qui y sont intégrés pour
améliorer son référencement et les comptes rendus qui me sont adressés
régulièrement par Google.
5 – En parlant de Bookless éditions – et s’il était possible de revenir dix ans en arrière -, y a-t-il quelque chose que tu ferais différemment ?
J’ai beau réfléchir, je ne vois pas. Bien sûr, on
peut toujours faire plus et mieux, mais je me retrouve bien dans ce concept qui
me plaît : je suis à peu près seul maître à bord et fais à ma manière et
c’est cela qui me convient. J’ai peut-être tort, je devrais probablement
élaborer plus de stratégies et prendre conseil auprès de spécialistes afin
d’évoluer, mais vraiment, ça n’est pas mon truc.
6 – Il y a dix ans, tu exprimais ton plus grand souhait : « que Bookless vive toujours dans cinq ans, et vive bien. » Tu n’as pas seulement passé le cap des 5 ans mais aussi celui des 10 ! Et maintenant, te fixes-tu un objectif dans le temps ?
Dans le temps non, ça on verra bien. Je suis contente que Bookless soit toujours là dix ans
plus tard, mais nous n’avons pas beaucoup progressé en notoriété. Grâce à vous,
les auteur.es, nous avons des publications de qualité capables de rivaliser
avec les meilleur.es, mais malheureusement, nous somme noyés dans la masse et
ne parvenons pas à sortir du lot. J’ai souvent, régulièrement, démarché des
libraires qui n’ont jamais démontré aucun intérêt pour nos livres (j’ai arrêté,
c’est bon, j’ai compris). Par contre, grâce au partenariat avec l’entreprise
« Immateriel », tous les ebooks Bookless sont en vente sur tous les
sites des libraires (à leurs dépens, j’imagine) et pas seulement sur les
grandes plateformes de type Fnac ou Amazon. De plus, grâce à un partenariat
avec « Decitre » tous les livres papier sont répertoriés dans les catalogues
des libraires et peuvent ainsi être commandés dans toutes les librairies, bien
que n’étant pas exposés sur leurs tables.
7 – Tu édites des romans mais aussi de la poésie, des nouvelles, des récits et d’autres textes « inclassables » – est-ce à dire que le coup de cœur reste ta ligne directrice ou suis-tu une logique plus complexe – voire ésotérique -, que je te propose de dévoiler ici ?
Oui, priorité aux coups de cœur, ça, ça n’a pas
changé. Je sélectionne uniquement les titres qui correspondent à ce que
j’apprécie (et je lis beaucoup, pas seulement les manuscrits reçus) et qui me
procurent un réel plaisir. C’est pour cette raison que les publications ne sont
pas nombreuses, une dizaine par an, grand maximum (dix en 2024, seulement
quatre en 2023 et six en 2022). Heureusement, quelques fidèles auteurs que je
pourrais presque publier les yeux fermés, me fournissent régulièrement des nouveautés.
Rien de complexe ni d’ésotérique là-dedans.
8 – Y a-t-il un thème qui manque à ton catalogue et que, dans l'absolu, tu aimerais pouvoir publier ?
À titre d’exemple, serais-tu intéressée par la confession d’une personnalité politique sous bracelet électronique (après avoir détourné des fonds publics) ou celle d’un tueur en série en cavale ?
Au
secours ! Jamais ça ! Il faudrait me payer très cher, et encore, même
pas !
NEVER / publie
ce que j’aime lire moi-même (idem écriture)
Toujours valable, comme redis plus haut. Tout ce que je
souhaite, c’est continuer à éditer des
écrits de qualité comme c’est le cas actuellement. Par contre, je ne dirai pas
non de recevoir un manuscrit d’une
Claudie Gallay ou d’un Pierre Lemaitre, mais il ne faut pas rêver (je dis ça, juste pour leur notoriété,
parce que la qualité je l’ai déjà avec nos auteur.es actuels).
9 – Quels sont tes projets pour 2025 ?
J’aimerais pouvoir me détacher d’Amazon pour les
livres papier. En effet, Immatériel propose également l’impression à la
demande. J’ai testé ce service pour deux de mes titres. L’inconvénient majeur
en est le coût, le prix de vente minimum imposé est beaucoup plus élevé que
chez Amazon (environ 5 € de plus) et la livraison est beaucoup moins
rapide que chez Jeff Bezos. Les exemplaires auteurs que l’on peut se procurer
sont également à un tarif bien plus élevé. C’est dommage, mais ces prix sont
malgré tout bien plus réalistes et je crois que je vais quand même proposer ce
choix à tous les auteur.es Bookless car j’ai vraiment envie que l’on se
démarque de ce modèle de vente, mais je ne l’imposerai pas.
J’envisage également de lancer un appel à textes
afin d’étoffer l’offre « Romans jeunesse ».
10 – Pour terminer sur un rayon de soleil, peux-tu nous partager quelques beaux moments que tu as vécus, en tant que fondatrice de Bookless Éditions, sur ces dernières années ?
J’ai vécu de bons moments lors de participations à des
salons, c’est agréable et enrichissant de
rencontrer les potentiels lecteurs
ainsi qu’échanger avec d’autres éditeurs, et cela m’a permis de faire connaissance avec certain.es des auteur.es
Bookless. Les salons demandent beaucoup
d’énergie pour peu de retombées, malheureusement, donc ça aussi j’ai arrêté.
Ce
qui me ravit le plus : découvrir les manuscrits que l’on m’envoie. C’est
toujours une surprise, bonne ou
mauvaise, et quelque part, j’en récolte un peu de fierté, on a pensé à Bookless pour cet envoi, même si c’est par
hasard, ça fait plaisir.
Merci beaucoup, Corinne !
![]() |
Logo BOOKLESS ÉDITIONS |
Retrouvez la première interview, 10 ans plus tôt, de Corinne,
fondatrice de BOOKLESS Éditions - c'est ici :
Le blog d'Eric SCILIEN auteur: Interview de CORINNE POULAIN, fondatrice de BOOKLESS-EDITIONS
et des suggestions de lecture :
Le blog littéraire d'Eric SCILIEN auteur: Quel livre lire en 2025 ? Tous mes conseils personnalisés
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire