Naissance du sentiment d'injustice

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 Tu as huit ans.

 Au mois d’août, tes parents t’envoient au centre aéré.

 Tu détestes le centre aéré.

 Mais on ne te laisse pas le choix.

 Au centre aéré, ça rit, ça braille et ça gueule tout le temps et il faut toujours jouer à des jeux qui ne te plaisent pas. A un moment, quelqu’un t’appelle Marmite – tu ignores pourquoi. Mais du coup, tout le monde se met à t’appeler Marmite.

 Tu détestes ce surnom.

- Je m’appelle pas comme ça !

 Plus tu t’en défends et pire c’est.

- Marmite ! Marmite !

 Heureusement, c’est bientôt la rentrée.

 Le centre aéré prend fin.

- Au revoir, Marmite ! disent les animateurs. A l’année prochaine.

 Tu leur tournes le dos sans leur répondre et en souhaitant ne plus jamais les revoir.

 La rentrée.

 Horreur, dans ta classe il y a un garçon du centre aéré qui t’appelait Marmite. Sitôt qu’il t’aperçoit, il a vite fait de passer le mot à tout le monde.

 Mais cette fois, tu es décidé à ne pas te laisser faire.

 A la récré, tu empoignes le cafteur et tu te bats avec lui.

 Pas de chance, il est plus fort que toi.

 Tu te retrouves par terre, le nez en sang.

 Tous témoignent que c’est toi qui as commencé.

 Tu es puni, deux heures de colle.

 L’après-midi, les filles tournent autour de toi en répétant : « Mar-mite s’est fait casser la gueule ! Mar-mite s’est fait casser la gueule ! »

 Le soir, sitôt rentré à la maison ta mère te punit parce que ton pantalon est déchiré.

 Tu commences à pressentir le sens du mot « injustice ».