Extrait :
Florence
ne parvenait pas à détacher son
regard de cette masse sombre couleur nuit qui, telle une bête aux aguets, paraissait guetter le meilleur moment pour harponner sa proie. Qui
étaient-ils, à supposer qu'ils soient
plusieurs ?
Peut-être des zonards en mal de sensation
forte après une soirée bien arrosée ?
Au hasard
d'une courbe ou d'un virage, la voiture noire décrochait parfois de cinq ou six mètres mais toujours elle revenait, si près qu'à plusieurs reprises Florence
crut la collision inévitable.
À présent, elle s'en voulait terriblement
d'avoir accompagné
Lysiane à cette soirée - une soirée ennuyeuse à mourir pendant laquelle elle s'était efforcée de
se montrer agréable
avec des hommes dont la plupart avaient l'âge d'être son père. Sur le chemin du retour, elle
s'était laissée aller à ces confidences sur sa vie intime. Puis Lysiane avait emprunté ce raccourci
lugubre et maintenant cette voiture qui les suivait, c'en était trop !
Elle faisait effort pour ne pas éclater en
larmes. Lysiane elle-même - Lysiane d'ordinaire si sereine et maîtresse de ses
émotions -, Lysiane
arborait un visage anxieux, ses mains gantées crispées sur le volant. Sans
doute perçut-elle la nervosité croissante de la jeune fille car l'espace de quelques secondes, elle
posa une main qui se voulait rassurante sur son avant-bras.
- Calmez-vous, Florence. Tout va bien se passer, je
vous assure.
- FAITES ATTENTION !
Le virage s'annonçait particulièrement serré,
impossible à négocier
à cette vitesse.
Lysiane parut se cramponner au volant, son pied droit
abandonna l'accélérateur pour écraser la pédale de freins et la voiture noire les
percuta brutalement
à l'arrière ; les pneus mordirent le goudron tandis qu'une des roues
tourna une fraction de seconde à vide au-dessus du fossé - mais Lysiane parvint in
extremis à rétablir
la trajectoire.
- ILS SONT FOUS ! QU’EST-CE QU’ILS NOUS
VEULENT, POURQUOI ILS FONT ÇA ?!
Florence avait hurlé et malgré tout le cran
dont elle était capable, Lysiane dut faire effort sur elle-même pour ne pas céder à la panique.
-
Florence, je vous en prie, gardez votre sang-froid.
Recroquevillée sur son siège, la jeune fille pleurnichait comme un petit animal
battu. De la femme en devenir qu'elle affectait d'être - maquillée, pomponnée, son
mètre soixante-quinze
rehaussé par des talons aiguilles -, ne restait plus qu'une enfant apeurée.
- Qu'est-ce qu'ils nous veulent ? Mais qu'est-ce
qu'ils nous veulent
? répéta-t-elle entre deux sanglots.
Maintenant, la route se faisait ligne droite.
Après avoir perdu
vingt mètres, la voiture noire se rapprocha lentement dans le rétroviseur, comme sûre de son
coup.
Lysiane prit la seule décision qui s'imposait.
- Je vais les laisser passer.
- Mais comment ? geignit Florence. Vous avez dit
vous-mêmes
qu'il n'y avait pas la place ?
Lysiane ne répondit pas. À présent, la route
s'élargissait quelque peu et en ralentissant l'allure tout en serrant le bas-côté, la voiture
noire pouvait passer.
De toute façon, il lui fallait tenter quelque chose car au
prochain virage un peu raide, le scénario précédent avait toutes les chances de se reproduire. Elle
enclencha son clignotant afin d'indiquer son intention. Puis serra progressivement à droite,
les roues à cinq centimètres du
fossé, tout en levant le pied de l'accélérateur.
- Allez, vas-y. Double ! Mais double, bon sang !
Qu’est-ce que tu attends !?
Dans un premier temps, la voiture noire
ralentit à l'unisson
; puis elle accéléra jusqu'à ce que les deux voitures roulent quasiment tôles contre tôles, en
parallèle l'une
de l'autre. Florence hurla de terreur. Lysiane résista à la tentation de regarder sur sa gauche,
obstinée à maintenir
sa trajectoire. Tout à coup, la voiture noire obliqua brutalement sur sa droite dans un horrible
froissement
de tôles et la terre vint à manquer sous les roues, la voiture des deux femmes bascula dans le
fossé.
Lysiane s'acharna encore mais le plancher du
véhicule marquait
un angle de plus en plus aigu avec l'horizontale, des herbes à hauteur de
taille freinaient sa course et la voiture finit par s'immobiliser tout à fait, moteur calé.
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Thriller |
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