Quand j’étais gosse, j’ai vu mes parents trimer.
Ils tenaient un petit bar tabac PMU dans une ville de province, un quartier populaire. Ils se levaient à l’aube et terminaient à pas d’heure – « Tant qu’il y a des clients ! » qu’ils disaient.
Ce n’était pas toujours facile. Surtout avec
certains clients qui montaient vite dans les tours, sitôt qu’ils s’alcoolisaient.
Mon père avait son nerf de bœuf sous le comptoir.
Au cas où.
Tous les deux auraient bien aimé prendre un
peu de vacances, de-ci de-là - mais il n’en était pas question. Partis de rien,
il fallait rembourser les emprunts.
Ils n’avaient pas le choix.
- Un jour, on arrêtera
de travailler, assurait mon père. On vivra de nos rentes. Et tout ce que l’on
aura à faire, c’est siroter un cocktail au bord de notre piscine.
Heureux ! |
Ils en rêvaient.
Cocktails |
Mon père y croyait – et ma mère aussi.
Il se souriaient en disant cela. Ça les faisait tenir.
Mais la vie ne leur a pas laissé le temps d’arriver jusque-là. Ils sont décédés prématurément, à quelques mois d’intervalle. Mon père, d’un arrêt cardiaque et ma mère, d’une rupture d’anévrisme. Dans la fleur de l’âge, usés par le travail.
Et moi, j’ai voulu réaliser leur rêve à leur
place. Pour leur rendre hommage, qu’ils soient fiers de leur fils.
J’avais l’impression qu’à travers moi, eux aussi pourraient en profiter – un peu.
J’ai travaillé dur, comme un damné. En choisissant un secteur plus rentable : la finance.
Aujourd’hui, j’ai réussi. Je suis encore jeune et je me suis retiré des affaires avec beaucoup, énormément d’argent. Et me voilà en train de paresser au bord de ma piscine, en sirotant une Tequila sunrise.
J’ai réussi, mais il y a une chose que je n’avais pas prévue. Peut-être que mes parents non plus, n’y avaient pas songé.
Je m’ennuie à mourir.
#Le rêve d'une vie c'est l'amour
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