Maximilien se disait écrivain. C’était du moins ce qu’il prétendait, chaque fois qu’on l’interrogeait.
En vérité, il n’avait jamais rien publié,
sinon une courte nouvelle dans un obscur fanzine de banlieue. Mais il avait dépensé
tellement de temps et d’énergie à écrire des romans qui tous, avaient vu leur
sort scellé par une lettre de refus stéréotypée, qu’il estimait avoir mérité
ce titre.
Se dire écrivain constituait une sorte de dédommagement.
Sans compter qu’il était hors de question qu’il lâche l’affaire. Il avait décidé d’être écrivain et il le serait, coûte que coûte.
Seul problème, il n’arrivait plus à mettre un
mot devant l’autre. Et cela, depuis des semaines.
Son écran d’ordinateur désespérément vierge
semblait le narguer.
Et les tasses de café noir, les cigarettes fumées à la chaîne n’y faisaient rien.
Il avait beau se parler à lui-même, s’invectiver : « Allez, Maximilien ! Si tu t’y mets, tu peux avoir le Goncourt. OUI, TU PEUX LE FAIRE ! » - rien à faire, rien ne venait. Aucun mot, pas même la plus petite micro nouvelle de trois lignes.
Il lui fallut reconnaître qu’il ne se passait pas grand-chose dans sa vie. Ce qui était peu propice à la création.
S’il voulait arriver à ses fins, il allait devoir employer les grands moyens. Générer l’inspiration, si celle-ci se refusait, aller la chercher par la peau du cou, s’il le fallait !
Et où était-elle, sinon dans les rues désertes, le soir après minuit ? Dans les bars mal famés de la ville ?
Certes, cela n’allait pas être facile. Mais il
fallait savoir se donner les moyens de ses ambitions.
Sa décision était prise.
Le soir même, il bouscula volontairement
un costaud, adossé au bar et en pleine conversation avec une jolie fille ;
l’autre se retourna aussitôt et Maximilien s’efforça de graver son expression
haineuse et ses yeux injectés de sang dans sa mémoire – il lui faudrait la retranscrire,
plus tard, pour son futur roman - avant de recevoir le premier coup, en
plein visage.
Il allait en avoir, des choses à raconter !
L’aventure commençait.
#syndrome de la page blanche
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