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Un souvenir toujours présent |
Le jour où j’ai eu le plus honte de ma vie ? Bien sûr que je m’en souviens. Et dans les moindres détails.
Il s’agissait d’une cérémonie de remise de prix, suite à un concours littéraire. Le gagnant devait y être proclamé et pour l’anecdote, j’avais moi-même participé à ce concours.
Sans prétention aucune, persuadé que mon texte ne valait pas que l’on s’y attarde.
Nous étions tous réunis dans un amphithéâtre plein comme un œuf. Au point qu’un nombre conséquent de personnes avaient été contraintes de s’asseoir dans les travées.
Il y avait là des pointures du milieu littéraire, des journalistes et beaucoup de passionnés – sans oublier les caméras des médias locaux.
Le jury était composé d’une dizaine de personnes, regroupées sur l’estrade, en bas de l’amphithéâtre. Au milieu du brouhaha, une voix a indiqué au micro (légèrement grésillant) qu’elle allait livrer le nom du lauréat, le premier prix.
Et soudain – cela a été comme une déflagration -, j’ai entendu prononcer mon nom.
C’était fou, invraisemblable. C’était moi qui avais gagné ! D’autant plus sidérant que j’étais absolument certain de n’avoir aucune chance.
Toutes les personnes qui me connaissaient se sont retournées vers moi ; si bien que très vite, tout le monde m’a repéré dans l’amphithéâtre et a commencé à m’acclamer en scandant mon nom.
Moi qui avais toujours été si émotif, je n’étais absolument pas préparé à cela.
Une force malfaisante s’est mise à jouer avec mon estomac, le faisant tournebouler sur lui-même tandis que mon cœur battait à tout rompre. On m’a demandé de venir sur l’estrade.
Je m’étais à peine levé que déjà, je sentais mes jambes flageoler.
C’est à cet instant, alors que tous les regards et les caméras des télévisions locales étaient braqués sur moi, à cet instant que cela m’a pris. Exactement comme si un tortionnaire sadique s’était brusquement mis en tête de faire éclater mes boyaux de l’intérieur en les tordant de toutes ses forces ; une aussi brusque que féroce et absolument irrépressible envie de courir de toute urgence aux WC.
C’était en 2004.
Depuis, je ne suis quasiment plus sorti de chez moi.
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