Les confessions d'une femme de chambre en 2025 (un conte noir)

Femme de chambre Hôtel 5*****

 

 Je me souviens avoir recueilli les confessions d'une femme de chambre, un soir, alors que nous étions dans le compartiment d'un train immobilisé sur ses rails, au milieu de nulle part.

 Un problème technique, à ce qui nous avait été annoncé.

 L'énervement puis l'ennui nous avaient rapprochés.

 C'était une femme avec, déjà, une longue expérience derrière elle. Afin de ne rien révéler de ce qui pourrait mettre en cause son anonymat, je l'appellerai W.

- Cela fait vingt ans que je fais ce métier, me dit-elle. Mais attention ! J'officie uniquement dans les cinq étoiles. Les établissements de luxe !

 Elle semblait tenir à cette distinction.

- Et il y a une raison à cela, lui demandais-je ingénument.

- Bien sûr, m'assura-t-elle. Les pourboires !

- Tout le monde en donne ?

- Non. Mais ceux-là, je leur fais payer.

- Et comment ?

 Ici, Mademoiselle W - et alors que nous n'étions pourtant que deux dans le compartiment -, s'était penchée vers moi pour me murmurer :

 " Je frotte leur brosse à dents dans la cuvette des WC. Là où c'est le plus sale. Mais CHUT ! "

 Puis, m'ayant fait cette révélation, elle avait éclaté de rire.

- Mais c'est horrible !

- Vous trouvez ? Pas moi. Il faut bien qu'ils paient. D'une façon ou d'une autre.

- Et vous ne vous êtes jamais fait prendre ?

 Manifestement non.

 Et à ce que je sache, elle officie toujours. Aussi, je ne peux que vous encourager - si vous êtes adepte des cinq étoiles -, à donner un (gros) pourboire à la femme de chambre.

 Maintenant, c'est vous qui voyez…