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Des effets dévastateurs d'une déception sentimentale |
Cette fois ça y est, il est parti.
Et il ne reviendra pas.
Jamais.
Maintenant, que vous le vouliez ou non, vous devez passer par toutes les étapes de ce processus appelé « courbe du deuil ». À savoir :
1/ Choc et sidération
2/ Déni
3/ Colère
4/ Peur et dépression
5/ Tristesse
Vous rentrerez ensuite dans une phase plus positive :
6/ Acceptation
7/ Pardon
8/ Quête du sens et du renouveau
9/ Sérénité et paix retrouvée
Étape 1/
Choc et sidération
Pleurez.
Pour cela, cloîtrez-vous dans votre appartement, portes fermées et rideaux tirés. Eteignez votre portable et pleurez toutes les larmes de votre corps jusqu’à hoqueter de chagrin comme quand vous étiez petite et que votre grande sœur avait jeté votre ours en peluche par la fenêtre (vous aviez auparavant coupé aux ciseaux les nattes de sa poupée Barbie).
Étape 2/
Déni
Non, vous n’êtes pas du genre à vous voiler la face. D’ailleurs, tout ça ne va pas assez vite pour vous et vous passez directement à la phase 6/ Acceptation.
Le teint aussi pâle que si vous vous étiez fait sucer un litre de sang par un vampire, faites le tour de vos amis communs et assurez-les que « Tout va bien » même si vos lèvres tremblantes et vos yeux rougis démentent manifestement cette affirmation.
Faites face aux mines compatissantes. Du bout des lèvres, reconnaissez que non, Julien ne s’est pas bien comporté avec vous.
En milieu de semaine, vous étiez partie voir votre mère malade. Julien n’avait pas pu vous accompagner – « J’ai vraiment trop de travail, tu sais ! »
Le dimanche soir, vous étiez heureuse de retrouver votre chéri ; heureuse et étonnée de le voir si fatigué, des cernes, de vraies valises sous les yeux comme s’il n’avait quasiment pas dormi depuis votre départ :
- Mais… tu as fait la fête ou quoi ?
- Tu plaisantes !? J’ai bossé comme un fou toute la semaine !
Vous auriez aimé qu’il vous prenne dans ses bras et vous emmène au lit avec des étoiles plein les yeux – mais Julien vous avait souri d’un air gêné :
- Heu… désolé mais il faut que je m’y remette.
Un rapport à taper sur son ordinateur portable, vous n’aviez pas vraiment écouté la suite.
Il avait fallu vous résoudre à vous rendre seule dans votre grand lit aux draps froids. En espérant que Julien vienne vous rejoindre avant que vous ne vous endormiez.
C’était là que tout avait dérapé.
Parce qu’une fois sous les couvertures, vous aviez senti, touché quelque chose du bout du pied.
Sans savoir ce que c’était, vous aviez glissé une main sous les draps pour vous saisir de ce quelque chose.
Surprise, c’était un préservatif.
Usagé.
Alors que vous et Julien n’en utilisiez jamais.
D’un coup, c’était comme si la Terre s’était arrêtée de tourner, comme si le sang ne voulait plus couler le long de vos veines. Comme si vous vouliez mourir.
Au bout de plusieurs minutes d’horreur absolue, un mince espoir, la flammèche d’une dernière et ultime chance vous était apparue dans l’océan de noirceur où vous étiez plongée.
Hagarde, vous aviez traîné des pieds jusqu’à la salle à manger. Julien vous était apparu de dos, concentré sur l’écran de son ordinateur.
- Quelqu’un est venu à la maison pendant mon absence ?
Et si un couple d’amis était venu, un soir ; et si Julien les avait hébergés pour la nuit ; et s’il avait insisté pour leur laisser votre lit ; et si ce couple avait fait l’amour ; et si… et si…
- Non, personne. Pourquoi ?
- Pour rien.
Vous étiez retournée dans la chambre.
Le lendemain matin, vous n’aviez fait que vous croiser.
Et le soir, Julien avait retrouvé ses affaires entassées en vrac sur le trottoir, devant la porte de l’immeuble.
Admettez – ainsi que le suggèrent fortement ceux et celles qui se prétendent vos meilleurs amis – admettez que Julien ne vous méritait peut-être pas. Mais ajoutez que non seulement, vous ne lui en voulez pas mais vous lui souhaitez bonne chance, ne serait-ce qu’en souvenir de tous les bons moments que vous avez passé ensemble.
Dîtes-le et répétez-le encore.
Même si vous n’en pensez pas un traître mot.
Même si pour vous, Julien est une ordure à qui vous souhaitez une mort aussi rapide et douloureuse que possible (autant dire que vous ne vous sentez pas concernée par l’étape 7/ Le Pardon).
Étape 8/ Quête du sens et du renouveau
Il s’agit de la phase active de votre guérison. Pour la mener à bien, il vous faudra faire preuve d’imagination.
Commencez par échafauder des hypothèses.
Prenez une feuille de papier et notez sans vous censurer toutes les idées qui vous viennent à l’esprit :
- répandre le bruit que le pénis de Julien est minuscule
- répandre le bruit que Julien jouit dans un grand râle après cinq à dix secondes de va et vient (mais refuse de se considérer comme un éjaculateur précoce)
- répandre le bruit que le matin au réveil, Julien exigeait que vous lui fassiez une fellation avant même que vous ayez pu prendre votre café
- répandre le bruit que Julien répugnait à se laver les parties intimes en prétextant que le savon lui irritait la peau
- répandre le bruit…
Et puis non.
Tout ça ferait beaucoup de bruits répandus – et toujours au dessous de la ceinture, vous l’aurez bien noté.
En réalité, rien de tout cela ne conviendrait. Vous êtes au dessus de ces considérations scabreuses. Vous n’êtes pas une garce, vous avez juste besoin de rétablir un certain équilibre des choses.
Alors voilà ce que vous allez faire :
Munissez-vous de préservatifs.
Injectez-y une dose de lait concentré pour faire croire qu’ils ont servi – et bien servi !
Dorénavant, chaque fois que vous le pourrez, glissez-en subrepticement un exemplaire dans la poche de veste ou de pardessus d’un de ces messieurs - n’importe qui et n’importe où, au bureau, dans les poches des fringues suspendues aux portemanteaux des bars et des restaurants, dans le métro, le bus ou à l’occasion de soirées, partout où cela vous sera possible.
Parce qu’il n’y a pas de raison. Non, il n’y a aucune raison que vous soyez seule à souffrir.
Dernière étape
Sérénité et paix retrouvée
Racontez toute l’histoire à votre grande sœur, la seule en qui vous ayez vraiment confiance. Elle se montre estomaquée par vos confessions.
- Mais c’est horrible ! Et tu l’as fait combien de fois… je veux dire, mettre des préservatifs dans la poche d’hommes que tu ne connaissais pas ?
- J’en suis à trois cent soixante-douze.
Elle vous regarde, horrifiée.
- … tu te rends compte le mal que tu risques de faire à ces innocents ?
- Et alors ? Moi aussi, j’étais innocente.
- Tout de même ! Tu n’as pas… je ne sais pas, de remords ou de regrets ?
- Si.
- Ah, quand même !
- Je regrette de ne pas voir la tête de la femme qui croit trouver un préservatif usagé dans la veste de son mec.
Ça y est, cette fois c’est sûr !
Vous êtes guérie.
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